samedi 14 mai 2016

Menschen

Mon dernier message date de presque un mois et demi! J'étais au travail hier et je faisais un brouillon de ce que j'allais écrire aujourd'hui quand je me suis rendu compte que j'en avais peut-être trop long à dire. Je commençais à élaborer sur un sujet dans mon cahier, puis je m'arrêtais pour prendre une note en marge concernant un autre sujet à aborder, puis finalement la marge était bien pleine et je n'avais rien écrit de substantiel.

Je suis maintenant dans un café appelé Roméo & Roméo (méchant nom!) et je suis agréablement surpris d'y voir femmes et enfants au milieu de la clientèle majoritairement masculine et hyper-masculine. Berlin!


Je continue à vivre la plus belle année de ma vie, sans farce. Je trouve parfois par contre que ma vie sociale pourrait être plus riche, je constate que je ne me suis pas fait tant d'amis. Il faut dire qu'avec l'horaire que je me fais, le temps pour cultiver des amitiés profondes manque. Enfin, c'est un choix et je suis loin de m'ennuyer, bien au contraire.

Au lieu de faire le bilan que je voulais faire aujourd'hui, j'ai plutôt choisi de présenter quelques personnes qui font partie de ma vie, après avoir bien sûr donné une idée de ce que j'ai fait depuis la dernière fois et des concerts qui s'en viennent. Je termine avec quelques mots sur la vie à l'appart ces temps-ci et une réflexion sur la nudité, en ce début d'été berlinois.

Dans l'ordre depuis la dernière fois


Le 6 avril j'ai écrit un long blog sur la tournée du GGRIL.
Le 7 avril j'avais une pratique avec la chorale.
Le 8 avril j'ai été voir Tristan Honsinger (violoncelle) jouer en duo avec Joel Grip (contrebasse). C'était un duo fantastique, très théâtral et absurde ; à un moment donné Honsinger, était rendu sur le dos couché par terre et Grip était par dessus lui avec la contrebassse et une chaise. Difficile à décrire, mais le tout donnait vraiment l'impression de couler de source, pas question d'impressionner la galerie, ces deux là font la paire. C'était à Miss Hecker, un endroit que j'aime beaucoup, un peu difficile à trouver, pas trop affiché nulle part.
Le 9 avril je travaillais au cinéma.
Le 10 avril je travaillais au cinéma.
Le 11 avril j'avais une pratique avec mon trio à cordes THUYA.
Le 12 avril je suis resté chez moi pour envoyer des emails, régler mes impôts 2015, etc.
Le 13 avril je travaillais au cinéma.
Le 14 avril j'avais rendez-vous chez ma super coiffeuse et une pratique avec la chorale.
Le 15 avril je travaillais au cinéma.
Le 16 avril j'avais une pratique avec la chorale, puis je suis allé voir Ken Aldcroft (guitare), Klaus Kürvers (contrebasse), Karen Ng (saxophone alto) et Scott Thomson (trombone) à Miss Hecker. Une soirée avec des gens que je connais! Klaus est membre de mon trio THUYA à Berlin, Karen vient de Toronto et on a joué ensemble l'été passé en concert à Montréal et Scott est un musicien dont le parcours a croisé le mien plusieurs fois depuis 2007. Leur concert était vraiment bien envoyé. Le jeu de Ken, un guitariste de Toronto que je découvrais à ce moment, est tout en nuances : ça tricote, ça accompagne ou ça prend le lead, ça fait des bruits ou des mélodies, le tout de façon très organique avec les souffleurs et Klaus à la contrebasse, dont le jeu inventif m'impressionne toujours autant. 
Le 17 avril je travaillais au cinéma.
Le 18 avril j'avais une entrevue avec la Royal Academy of Dance (peut-être un contrat de quelques jours en juillet), puis je reprenais mon rendez-vous chez la coiffeuse, manqué parce que j'était trop concentré par mes paperasses à la maison.
Le 19 avril j'avais une session avec Ken Aldcroft (guitare), Yorgos Dimitriadis (drums), Brad Henkel (trompette), Karen Ng (saxophone alto) et Scott Thomson (trombone). On était dans un local de pratique de rock, genre. C'était vraiment bien mais je crois que tout le monde était un peu fatigué! J'avais une pratique de chorale également ce soir là.
Le 20 avril j'avais encore une pratique de chorale.
Le 21 avril j'ai été voir le légendaire Peter Brötzmann (saxophones), qui jouait en trio à Sowieso avec Steve Swell (trombone) et Paal Nilssen-Love (drums). Ils ont envoyé la sauce dès la première note, c'était un méchant beau pain de son qui se déroulait dans notre face, comme un gilet de laine qu'on détricote en tirant sur un fil. Ou l'inverse! C'est drôle, Brötzmann était en concert il y a quelques jours à Montréal, le 11 mai 2016 dans le cadre de Suoni Per Il Popolo.
Le 22 avril je faisais un concert avec la chorale.
Le 23 avril je faisais un concert avec la chorale.
Le 24 avril je faisais un concert matinal à 11 h à Kulturraum Mainzer7. La salle sonnait super bien, notre petit public a dû se sentir vraiment à l'intérieur du son. « Like a string quartet with the violins replaced by high saxophones » : Rémy Bélanger de Beauport (violoncelle), Shasta Ellenbogen (alto), Andreas Krennerich (saxophones sopranino & soprano), Frank Paul Schubert (saxophone soprano).
Le 25 avril j'ai envoyé des emails et je me suis occupé de mes affaires.
Le 26 avril j'avais une session à Exploratorium avec des membres de l'ensemble What Happens Next de Berlin : Hartmut Arweiler (guitare), Gudrun Doberenz (voix), Rosmarie Jäger (piano), Babette Werth (violoncelle) et une violoniste dont je ne trouve plus le nom. C'était une bonne session, le guitariste et moi se sommes promis de rejouer ensemble.
Le 27 avril je suis allé nager à Stadtbad Neukölln.
Le 28 avril je travaillais au cinéma.
Le 29 avril je travaillais au cinéma.
Le 30 avril j'avais une session avec le pianiste A. Véritable coup de coeur musical, ça pourrait devenir un projet cette histoire là. A. et moi partageons plusieurs références du monde classique (Bach, Messiaen, ...) et ça s'entend dans nos longues improvisations contrastées. À suivre, il ne faut pas que je l'échappe celui là. Le soir du 30 avril, j'ai été voir le concert de The Liz à Quiet Cue : Liz Allbee (Oedipus / Kathy Acker, amplified trumpet, voice, text, video), Liz Kosack (Anubis, synthesizer, voice, masks, puppets, light design), Korhan Liz Erel (Sphinx, computer, electronics, sound design, voice, light design). C'était vraiment bon, ça m'a rappelé Les Momies de Palerme. Malheureusement, un espèce de dandy hipster filmait le tout et il était debout drette en face de moi. Pas de classe le connard, je n'ai pas pu voir grand chose du concert et, à cause de lui, j'ai eu de la misère à entrer dans la musique. Je me suis demandé pourquoi on prenait des vidéos de concerts. Car si c'est pour rendre compte de ce que les gens présents ont vu, c'est raté! Je n'ai vu que le dos d'un gars avec une caméra, ou presque.
Le 1er mai j'ai été voir la légendaire Audrey Chen (violoncelle, voix), qui jouait en trio avec Conny Bauer (trombone) et Antonis Anissegos (piano). J'ai été un peu déçu que Chen n'ait pas apporté son violoncelle, j'étais bien curieux de l'entendre. Sa technique vocale vaut toutefois le détour! Elle chantait dans un micro assez sensible pour bien faire ressortir les basses qui se mêlaient aux sons des autres musiciens. On sentait tout le long que Chen serait capable de pousser une note d'opéra à n'importe quel instant, mais elle ne le faisait pas, ou si peu (peut-être une note sur deux sets de 45 minutes). Anissegos, le pianiste d'origine grecque, ne cesse de m'impressionner. Ça fait quelques fois que je le vois et cette fois il était sur un bon piano à queue, enfin! Il tire des sons incroyables de cet instrument, tout en ayant une maîtrise de l'harmonie et du contrepoint qui s'entend. Il a le don d'introduire des moments de suspension dans la structure des pièces, d'aller chercher la bonne note par-ci par-là... Le tout se déroulait à No Villa, une espèce de villa au milieu d'un parc un peu perdu dans la presque-banlieue de Berlin. Décor enchanteur s'il en est un.
Le 2 mai je travaillais au cinéma.
Le 3 mai je faisais un tournage avec la danseuse avec qui j'ai un duo. Nous nous appelons, jusqu'à nouvel ordre, Piolet-Traction. Avec ce vidéo, s'il peut finir par être monté, on pourra appliquer pour se produire dans différents endroits. J'avais une pratique de chorale ce soir là, puis je suis allé rejoindre mon amie Xarah, de Montréal, pour la deuxième fois en tournée en Europe depuis que je suis arrivé!
Le 4 mai j'ai peut-être pris une pause, je ne sais plus, mais le soir je suis sorti à SchwuZ pour la Tanz den Jesus. L'ambiance était super bonne, les gens super beaux et de tous les styles, comme toujours à SchwuZ. J'ai pris le temps de lire le papier qui est affiché dans les toilettes cette fois, et je n'ai pas été déçu. Ça explique que le SchwuZ existe depuis les années 1970 et fait depuis toujours la promotion des vies non-hétéronormatives. Le tout est en langage très bien choisi à mon avis, 40 ans de lutte contre l'homophobie et la transphobie qui ne met pas l'accent sur les hommes blancs gais, c'est beau à voir. Le texte complet ici.
Le 5 mai je travaillais au cinéma, puis j'ai été voir mon amie Xarah en concert à Loophole. Cet endroit est vraiment trash, mais pas dans le bon sens du terme. C'est une petite pièce sans fenêtre dont l'unique porte est fermée par un épais rideau de plastique et de gros tissus. Avec la tendance de tout le monde ici de fumer clope sur clope, c'est pas long qu'on étouffe. Xarah était sensationnelle comme toujours, même dans la fumée et le kit de son très très moche de l'endroit. J'ai hâte d'entendre son nouvel album, dont elle a joué plusieurs pièces ce soir là.
Le 6 mai j'ai été voir Antonis Anissegos (piano) et Shasta Ellenbogen (alto) en concert à Miss Hecker. Il y avait aussi des gâteaux vegan crudivores de Juliana Tar sur place, on s'est régalé.
Le 7 mai j'avais une pratique avec Stefania la danseuse mais on a annulé ça, j'avais besoin de n'avoir rien au menu et me balader. J'ai été au marché turc extérieur près du canal à côté de chez moi, puis j'ai été faire un tour en soirée à Gelegenheiten (le show qui m'intéressait avait été annulé, on est parti), puis à Maze (la soirée était vraiment platte, mais j'ai quand même vu une performance de monde qui mangent des oeufs et se font vomir avant de se faire attacher symboliquement par des chaînes aux mains et dans le coup). Malgré tout, j'ai passé une excellente soirée avec mon amie Justine.
Le 8 mai je travaillais au cinéma.
Le 9 mai je travaillais au cinéma.
Le 10 mai je faisais une séance de photo avec Uta Neumann. Bien hâte de voir le résultat, on a été dans une fabrique de sculptures, on a trouvé là un décor superbe et j'ai pris le temps de bien profiter du moment, jouant du violoncelle toute la journée dans la grosse poussière.
Le 11 mai j'ai été au parc prendre du soleil, puis j'ai fait un concert en solo. J'accompagnais mes nouveaux amis Magnus et Louise, qui posaient pour des dessinateurs de modèles vivants.
Le 12 mai j'avais une pratique avec Stefania la danseuse, puis une pratique avec la chorale.
Le 13 mai je travaillais au cinéma.
Le 14 mai, eh bien c'est aujourd'hui ça! Stefania et moi avons annulé la pratique que nous avions à l'horaire et je visite pour la première fois le quartier Schöneberg. Ma journée de touriste se transforme finalement en journée de blog.

Prochains concerts


Le 21 mai, samedi prochain, ça fera exactement 8 mois que je suis ici.  C'est également la journée où je joue en concert pour la deuxième fois à the CLUB avec mon trio à cordes THUYA.

Notre concert sur facebook
La description sur facebook

L'invitation transmise par le directeur de chorale aux autres membres de la Ölbergchor,  à la fin d'un email à tous













Notre concert annoncé sur echtzeitmusik

Le 22 mai, le lendemain, je chanterai Carmina Burana avec la chorale sur un bateau stationné dans l'écluse la plus profonde de l'Allemagne.

L'évènement sur facebook

Ensuite, je n'ai rien de prévu. Gageons que des dates s'ajouteront bientôt, notamment avec Stefania et notre projet Piolet-Traction.

Menschen, les personnes qui m'entourent


Alex : J'ai connu Alex lors de mon passage à Berlin en 2008. Cette année, c'est lui qui est venu me chercher à l'aéroport et depuis, on se parle régulièrement et on se voit de temps en temps. Je ne me rappelle jamais en quoi il étudie exactement, mais c'est à l'université et ça contient l'étude du grec et du latin, en plus de bien d'autres sujets dont je suis bien content que d'autres que moi s'occupent! Alex est passionné d'histoire et m'en apprend souvent sur l'histoire du Québec, en plus de m'aider à me démêler dans l'histoire de Berlin, l'Allemagne, l'Europe et le monde entier.

Gerhard et Klaus : J'ai connu Gerhard le violoniste lors de mon passage à Berlin en 2008. On avait fait un concert en duo, son jeu et sa personnalité se marient trop bien avec moi. Cette année, je l'ai retrouvé lors d'un concert où Klaus le contrebassiste jouait également. J'ai rejoué avec Gerhard un matin chez-moi, puis on a fait une session chez Klaus et notre trio à cordes THUYA est né. On pratique assez régulièrement, parfois toutes les semaines, parfois à toutes les deux ou trois semaines.

Hyoung-min : J'ai connu Hyoung-min lors de mon passage à Berlin en 2008. Je sous-louais sa chambre en son absence, puis j'ai sous-loué la chambre de sa coloc quand elle est revenue, ou quelque chose comme ça. Elle est danseuse et, si j'étais resté à Berlin en 2008, on aurait probablement eu une bourse de création pour 6 mois en duo. Je suis parti poursuivre mes affaires à Montréal et elle a poursuivi ses affaires ici. On s'est retrouvé cette année mais on n'a toujours pas eu le temps de jouer ensemble encore. Ça viendra bientôt! J'ai été voir une de ses prestations en solo et c'était génial, on était très content de se revoir.

Felix : J'ai connu Felix lors de mon passage à Berlin en 2008. On a repris contact cette année et on se croise à l'occasion. Il est toujours de bon conseil.

Taylor et Vincent : Taylor est un ami de Felix et il se transforme en Olympia Bukkakis tous les vendredis à the CLUB. Je suis un fan de son humour féministe, authentique et décapant. Au fil de mes multiples présences à the CLUB, j'ai fini par être un habitué et être accueilli chaleureusement par Taylor/Olympia et son boyfriend husband Vincent.

Justine : J'ai connu Justine cette année lors d'une date un peu ratée avec un gars à Das Gift. Elle vient de Montréal et fait le même trip que moi, le même visa compliqué, presque les mêmes dates. J'ai découvert récemment qu'en plus de sa passion pour la restauration, la cuisine, elle était aussi artiste vidéo et nous allons collaborer ensemble pour un vidéoclip de mon projet ElvAr X, enregistré l'été passé à Rimouski. Sinon, Justine et moi nous retrouvons souvent le dimanche soir à la soirée Icky chez Ficken 3000 et on en profite pour pratiquer notre parlure québecoise.

Ingo, Gerrit et al. : Je fais partie de la chorale Ölbergchor depuis le 29 octobre 2015. Depuis cette date, j'ai passé presque tous mes jeudis en compagnie des quelque 80 SängerInnen des Ölberg-Chores. Je fais un peu partie des meubles maintenant à la chorale et c'est vraiment bien de revoir ces belles personnes toutes les semaines, de sentir que je fais partie du groupe. Ingo est le directeur de chorale, il parle très vite mais je finis toujours par comprendre ce qu'il dit. Gerrit est souvent mon voisin dans la section des barytons, toujours prêt à faire une bonne blague, ou une blague que je ne comprends pas. À la chorale, c'est 100% immersion allemande.

Sarah, Sarah, Sarah et Clara : La première Sarah c'est la première coloc que j'ai eu sur Framstraße, où j'habite encore aujourd'hui. Elle est travailleuse autonome dans le domaine du cinéma, en gros elle aide à mettre des films « sur la map ». Elle complète également sa certification de prof d'allemand du Goethe, méchante affaire. Enfin, elle a une copine (ou un copain, on ne sait plus trop et c'est bin correct) en Israël où elle a habité elle-même quelques années. On tente de garder contact depuis qu'on n'est plus colocs mais c'est pas évident. La Sarah du milieu, c'est pour faire drôle car c'est une bonne amie des deux autres Sarah. Enfin, Sarah et Clara sont mes colocs actuelles. Sarah est celle qui a le bail de l'appart sur Framstraße. On s'est connu quand elle a répondu à mon message facebook sur le groupe Queers in Berlin où je demandais où je pouvais trouver un piano pour pratiquer. Elle m'avait invité spontanément à jouer sur son piano (à queue, électronique) chez elle et le courant a tout de suite bien passé entre nous. Elle m'a ensuite offert de sous-louer son appart (avec la première Sarah) pendant qu'elle serait en voyage au Brésil. Là-bas, Sarah a rencontrer son amour brésilienne Clara et elles sont revenues ensemble à Berlin depuis avril 2016. Elles sont vraiment super toutes les deux, très différentes. On se parle de la vie souvent, je m'entends vraiment bien avec les gens qui, comme elles, comme moi, sont passionnés sans savoir trop ce qu'ils vont faire de leur vie.

Wouter : J'ai connu Wouter sur Grindr. Ç'a été bien spontané, on s'entend super bien et on se voit à l'occasion. Il est flammand de la Belgique et est à Berlin dans le cadre de son parcours scolaire, si j'ai bien compris. Il est volontaire dans un cirque où il accompagne des groupes de jeunes différents chaque semaine. Ça fitte bien avec son énergie toujours positive.

Stefania : J'ai connu Stefania lorsque Die DeutSCHule, l'école où j'ai pris mes cours d'allemand en arrivant, a publié sur leur facebook une annonce pour un de ses cours de danse. Je lui ai écrit un email, on a joué ensemble et depuis ce temps on travaille sur notre projet en duo Piolet-Traction.

Michael : J'ai connu Michael à Der Boiler, et on s'est rendu compte bien plus tard qu'on connaissait tous les deux Alex. Michael a étudié en direction d'orchestre avant d'avoir un gros problème aux oreilles. Depuis ce temps, il travaille à temps plein et compte retourner aux études en médecine. Michael et moi avons des horaires de vie à peu près complètement incompatibles, mais on réussit à se voir de temps en temps. La prochaine fois, on va essayer de jouer de la musique classique ensemble, lui au piano et moi au violoncelle. Je n'ai jamais fait ça!

Uta : J'ai connu Uta à son atelier de photographie où elle était hôte d'un concert une fois. J'y suis retourné une autre fois, puis une autre fois avant de finalement lui proposer de collaborer professionnellement avec moi pour ma photo d'artiste. C'est une photographe établie dont le travail est difficile à définir. Ses sujets sont souvent centrés et d'apparence anodine (une roche, un fauteuil, une piscine, etc.), mais on se rend compte qu'on est encore en train de penser à sa photo des semaines après l'avoir vue pour la première fois. Ça ce n'est pas anodin. En plus, c'est une personne vraiment sympathique avec qui je m'entends très bien.

Magnus et Louise : J'ai connu Magnus en octobre 2015, il travaille au café voisin de l'appartement que je sous-louais à ce moment sur Fontanestraße. J'allais au café à l'occasion et j'étais toujours content quand c'est lui qui m'accueillais. Je restais parfois pendant la fermeture pour jouer du piano pendant qu'il n'y avait plus de clients. Un jour, on a finit par se parler et de fil en aiguille une amitié se tisse. On s'est perdu de vue pendant un mois ou deux mais voilà que la semaine passée j'ai joué en solo lors d'une séance de dessin modèle vivant où il est modèle avec son amie Louise. Ensemble, ils forment le duo de modèles Rosi, ich bin nackt.

Martin, Klaus, Harald, Manne, Sebastian et Herr Jung : Bien que je ne les vois pratiquement jamais, je connais les noms de mes collègues de travail au cinéma. C'est drôle, j'ai vu Herr Jung (le boss des ressources humaines, si j'ai bien compris) juste deux ou trois fois. J'ai vu Martin (mon supérieur immédiat) un peu plus, c'est à dire trois ou quatre fois. J'ai rencontré Sebastian (mon collègue préféré) deux fois, j'ai vu Harald une fois et je n'ai jamais vu Manne ou Klaus. C'est toutefois mes collègues de travail au quotidien, on s'échange des messages concernant la job sur WhatsApp et tout le monde est vraiment sympathique et attentionné.

Shasta : J'ai vu Shasta, altiste, en concert une première fois et j'avais trippé sur sa tignasse à la Kurt Cobain mais je n'avais pas osé lui parler. Je l'ai ensuite vue une deuxième fois et je l'ai saluée. On s'est rendu compte que nous étions tous deux canadiens-français. Elle vient d'Ottawa, je pense, et aime beaucoup parler notre langue avec moi. On a joué ensemble et on fait un bon duo d'amis ou de musiciens.

A. : Je viens tout juste de rencontrer A. il y a moins d'un mois. C'est drôle, quelqu'un avait essayé de nous mettre en lien sur Planet Romeo en octobre ou en novembre passé. Ça nous avait agacé tous les deux, puis ç'en était resté là, jusqu'à ce qu'A. me voit sur scène avec le Berlin Improvisors' Orchestra. On s'est ensuite mis à discuter, pour finalement se planifier une session ensemble. La musique qu'on a créée cette fois là était extraordinaire. À suivre.

Evan : J'ai rencontré Evan par okcupid. Il est originaire de Salt Lake City et vient de compléter ses études en économie ou je ne sais plus trop dans une grosse université Ivy League américaine. Il fait un stage ici et m'accompagne parfois aux concerts. Il fait de la musique électronique et on essaiera peut-être de collaborer ensemble bientôt. On s'entend super bien, c'est facile de discuter même si on se connaît à peine.

Julia : C'est dans l'atelier de Julia que j'ai trouvé le violoncelle sur lequel je joue depuis mon arrivée ici. Les instruments qu'elle fabrique sont magnifiques et c'est une personne très inspirante. On ne s'est pas vu souvent, mais à chaque fois on a pris le temps de boire un thé ensemble et parler d'une foule de choses. La lutherie est un mystère pour moi ; pour elle c'est son quotidien, sa passion.

Markues : J'ai connu Markues par Tinder. On est allé manger une sandwich ensemble un soir et on s'est tout de suite bien entendus. Il est artiste et fait surtout de l'installation. Il travaille également pour d'autres artistes et dans des galleries d'art. On se croise à l'occasion à SchwuZ ou Icky et c'est toujours un plaisir de le voir, avec ses cheveux très longs et son visage expressif.

Nick : J'ai répondu l'annonce facebook de Nick qui se cherchait des musiciens à enregistrer et depuis ce temps, c'est mon preneur de son officiel. Il étudie à WAVE, une école pour le son, les enregistrements, les consoles, etc. Il est bien agréable à côtoyer et découvre, à travers les enregistrements qu'il fait de moi, une musique totalement nouvelle pour lui.

WG-Leben : la vie à l'appart


Depuis le mois d'avril, nous partageons à trois personnes le 3½ de Sarah sur Framstraße. J'avais hâte de voir ce qui allait se passer, et ça se passe très bien. J'habitais sur le divan dans le salon depuis un mois ou deux et maintenant je suis retourné dans la chambre. Le salon est devenu la chambre de Sarah et Clara. Elles ont gardé le matelas et on est est allé me chercher un matelas gratuit. J'ai donc maintenant un lit double. Plus le temps passe, plus je me rends compte à quel point je fais une bonne affaire à 300€ par mois tout inclus. Je regarde parfois les sites de recherche de colocs -- on sait jamais! -- et même dans les banlieues les plus reculées on ne voit pas aussi peu cher. Sur facebook, aussitôt que quelqu'un met une annonce de chambre disponible, son intervention est assaillie par une horde de colocataires potentiels désespérés. Décidément, la recherche d'appartement à Berlin n'est pas choses facile ces temps-ci.

FKK, nudisme, naturisme : peu importe, il fait beau!


La FKK (Freikörperkultur, « culture du corps libre ») fait partie des moeurs en Allemagne et Berlin n'y fait pas exception. Pour beaucoup d'Allemands -- et d'Européens --, être nu en public n'a rien de bien spécial et le terme FKK ne fait pas sourciller grand monde. Si on compare à la culture québecoise, ou nord-américaine j'imagine, on prend une méchante drop.

La piscine municipale près de chez-moi offre une période FKK le mercredi soir et les sauveteuses ou sauveteurs présents s'occupent de faire respecter la nudité. À quelques reprises, j'ai vu des gens arriver avec leur maillot de bain à la piscine, se faire accoster par un employé, et tout simplement enlever tout sans hésitation. J'ai fait mes recherches, et j'ai vu que la Fédération québecoise de naturisme louait parfois une piscine à Montréal ou Québec. Il faut cependant communiquer avec eux pour savoir dans quelle piscine ça se passe, et avec mon regard d'immersion allemande, je ne comprends pas trop ce qu'ils ont à cacher. « Rien à cacher », bonne métaphore!

Des sections de plusieurs grands parcs du centre-ville de Berlin sont occupées par celles et ceux qui pratiquent le bronzage intégral et ça ne dérange personne. Je trouve ça génial de voir se côtoyer, de part et d'autre du sentier, des gens tous nus et des femmes musulmanes portant le voile intégral. En Allemagne, contrairement au Québec, être nu n'est pas illégal. En y pensant bien, il y a quelque chose de profondément ridicule dans le fait d'interdire la nudité. À cause d'une poignée de pervers? Il me semble que ce sont les interdictions qui cultivent les pervers et les dépravés, au lieu de les prévenir.

Au Québec, quand on parle de nudité on voit toujours le mot « naturisme » et je suis allé voir ce que ça voulait dire vraiment : « Le naturisme est une manière de vivre en harmonie avec la nature, caractérisée par la pratique de la nudité en commun... » (tiré de la Fédération québecoise de naturisme, mais c'est pas mal la même définition partout). J'ai réfléchi à ça un peu. Je me suis demandé si, quand j'allais nager à poil à la piscine municipale, je me sentais « en harmonie avec la nature », si, quand j'allais dans un parc aménagé profiter du soleil c'était « en harmonie avec la nature ». Évidemment que non, si je voulais de l'harmonie avec la nature, je serais plutôt en train de courir dans le bois loin de la civilisation. Du moins, je chercherais des endroits plus « naturels » qu'une piscine intérieure ou un parc toujours propre au gazon bien taillé.

Et comme j'ai bien du temps pour réfléchir à toutes sortes d'affaires cette année, j'ai eu la réflexion suivante : j'ai l'impression que les « naturistes » sont des gens comme moi qui aiment juste ça être à poil de temps en temps et qui, face à l'incompréhension de leurs proches et de la culture nord-américaine en général, ont jeté leur dévolu sur l'argument de « l'harmonie avec la nature ». Ils justifient leur envie d'être nu par un appel à la nature, un exemple classique de raisonnement logique qui ne tient pas trop la route. Enfin, plusieurs sont sûrement sincères en disant ça. Quant à moi, ici en Allemagne, je ne sens pas que j'aie à me justifier à personne. L'autre partie de la définition de naturisme, « pratiquer la nudité en commun », ne m'interpelle pas trop non plus. Le fait qu'il y ait plusieurs personnes toutes nues au même endroit fournit un espace sécuritaire mais je ne sens pas l'envie d'interagir avec eux pour autant, et vice-versa, puisqu'on ne m'a jamais abordé dans un tel contexte.

Une fois débarrassé, pour moi personnellement, du mot « naturisme», il reste le mot « nudisme », dont je n'arrive pas à trouver une définition satisfaisante. Il semble que ce soit associé aux pervers, lointain héritage de la religion, pour qui la nuditié va de pair avec l'érotisme, la porno, etc. « Nudisme » aurait une connotation péjorative. À ce sujet, j'ai aussi la réflexion suivante : pourquoi est-ce si problématique la porno dans un contexte d'adultes consentants?

Enfin, tout ça est peut-être le signe que mon immersion berlinoise fait son chemin. Je me sens bien avec moi-même et je m'en fais de moins en moins avec les haters, réels ou imaginaires.

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